DES ENQUETEURS SOCIAUX DANS L’EMISSION « REPORTAGES » SUR TF1.

LE TRAVAIL DES ENQUETEURS SOCIAUX DANS L’EMISSION « REPORTAGES » SUR TF1.

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Le traitement des sujets de société dans une émission grand public relève souvent de la gageure. La place de l’image et du témoignage relègue le commentaire approprié à la portion congrue avec le risque d’une information insuffisante du téléspectateur pouvant le conduire à des compréhensions erronées.
Les courageux professionnels qui acceptent d’être filmés on rarement de l’influence sur la ligne éditoriale et ont parfois le sentiment d’avoir été instrumentalisés.
Le reportage de TF1 contient de nombreux ratés que le responsable de l’émission aurait pu éviter.

Le choix des enquêteurs (une psychologue et un policier à la retraite)
Cette présentation  caricaturale est loin de refléter la composition sociologique des quelques 600 enquêteurs sociaux du territoire. Elle ne tient pas compte de l’évolution de la profession au cours des vingt-cinq dernières années avec l’arrivée massive d’enquêteurs titulaires d’un Diplôme d’Etat dans le champ des sciences sociales avec un référentiel de compétences national.

L’absence de formation professionnelle évoquée par la journaliste.
Il s’agit d’une affirmation fausse et imprudente qui montre le manque d’approfondissement de ce travail journalistique.
Des organisations comme « citoyens et justice » organisent des sessions de formation initiale pour cette activité professionnelle. D’autres organisations présentent des journées d’étude annuelles.
La véritable question réside dans l’absence de diplôme d’état pour la mission d’enquête sociale alors qu’une qualification précise est exigée pour l’ensemble des autres domaines de l’expertise judiciaire. La création de ce diplôme d’Etat est l’un des objectifs de l’U.N.E.S.
Une telle information risque de donner des arguments aux associations « masculinistes » qui contestent fortement le principe même de l’enquête sociale au motif de cette prétendue absence de formation.

Le choix des images, le choix des mots
On ne peut qu’être surpris d’être témoin de l’entretien des parents en présence d’enfants susceptibles d’entendre des informations inappropriés à leur capacité de discernement. Cette pratique d’entretien est déontologiquement contestable soit par l’absence de liberté de parole qu’elle induit, soit par les biais qu’elle peut introduire chez des enfants incités à prendre partie dans le conflit conjugal.
L’ex-policier évoque une « inspection » de la maison devant le parent concerné. De quelle place parle-t-il ? N’y a t-il pas là un terme dont l’autorité qu’il sous-tend s’oppose à la notion d’évaluation ou de collaboration qui est attendue ?

L’évocation de la rémunération des enquêteurs sociaux.
Nous le savons, les 600€ de rémunération sont à mettre en relation avec le temps de travail nécessaire à la réalisation de l’enquête. Un temps incompressible et indispensable à la compréhension fine de la dynamique familiale, à la rencontre avec les autres acteurs, l’élaboration intellectuelle du rapport.
Aucune de ces questions n’a été soulevée. Mieux, chaque enquêteur a  évoqué le caractère unique de la rencontre avec chacun des parents.

Que va retenir le téléspectateur non averti (sans pour autant le prendre pour un demeuré)?
Au bilan, des personnes non formées se rendent chez les familles pour évaluer l’intérêt de leur enfant en 2 fois 3 heures avec une rémunération de 600€.
Un point positif à retenir cependant : le journaliste indique que l'enquête permet parfois de dénouer le conflit avec la présence d'un tiers.

Mais de qui se moque-t-on ? Les enquêteurs sociaux de France et les enfants des familles en séparations conflictuelles méritaient bien mieux que cette parodie d’information.


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